Depuis quelques temps, un grand changement s'opère en moi: je (re)deviens peu à peu une fille. Une fille, qui prend soin d'elle, se fait un peu jolie, fait attention à ce qu'elle porte, se maquille...
Malgré mon petit coeur de midinette, mon affection pour les produits de soin et de maquillage, pour toutes les petites choses jolies et colorées, c'est quelque chose que j'avais laissé tombé. Ma féminité, je la fuyais. Pas forcément évident à vivre...


Coupable d'être féminine

Je n'ai jamais été la reine de la mode/du maquillage, mais j'ai toujours pris soin de moi. Plus jeune, il aurait
été impensable pour moi de sortir sans mascara, sans un peu d'ombre à paupière rose, avec un jean qui pendouille...
Et puis il y a eu ça. Oui, ce n'était pas grand chose. Mais j'ai décrété que le seul moyen de m'en protéger, c'était de ne surtout donner aucun "signe". Pas de maquillage, fringues larges...Pas facile à vivre...Les deux seuls "soupçons" de féminité que je conservais: mes cheveux longs, et le fait de masquer mon acné. Ca s'arrêtait là. Le reste, j'avais l'impression que c'était une invitation à la drague. Cela me faisait culpabiliser.Si j'essayais d'être plus jolie que ce que j'étais "au saut du lit", c'était une invitation, dans ma tête.

Ca s'améliore un peu

Les choses se sont améliorées lors de la rencontre de mon mari. Lui, j'ai voulu un peu lui plaire. Alors j'ai fait quelques efforts. Vestimentaires. Maquillage. Coiffure. Je faisais attention. Je me sentais plus à l'aise, quand j'étais avec lui, pas de culpabilité. Mais seule, je continuais mon train-train "camouflage".

Le milieu professionnel ne m'a pas aidée...

Il y a eu une période où je ne me maquillais pas/ne m'habillais pas correctement au travail, hors réunions importantes, à cause des transports en commun (mon directeur savait d'ailleurs pourquoi).
Et puis j'ai déménagé. Dans un pays où le regard des hommes était différent: aucun problème, aucun risque. J'ai recommencé à me maquiller, à mettre des talons...
Quelque chose m'a stoppée: c'était un homme justement. Au travail. Le mec qui, parce que j'étais une fille, me prenait pour sa secrétaire (je précise que j'étais manager, tout comme lui). Il racontait qu'il aimerait bien changer de travail avec moi, pour ne pas avoir de pression, pour ne pas avoir à réfléchir...En bref, un gros connard. Qui était comme ça avec toutes les femmes manager de l'entreprise (et vas-y que je m'approprie le travail d'une, et vas-y que j'ajoute des tâches à une autre sans la prévenir, en la mettant devant le fait accompli). Vexé de voir des femmes au même poste que lui peut-être...
J'ai beaucoup souffert de ce comportement. Déjà, parce que c'est soulant ce type de réflexion. Ensuite, parce que par son attitude, il me rajoutait du travail: je ne lâchais pas, je ne faisais pas à sa place, mais je prenais du retard à force de le relancer et d'attendre ses documents. Heureusement, il rendait folles toutes les nanas de la boîte, on se serrait les coudes...Mais j'ai commencé à être de moins en moins féminine. Je ne m'en suis même pas rendu compte. Encore une fois, je rejetais la faute sur mes gênes, j'avais ces problèmes parce que née femme (en fait c'était surtout parce qu'il était né con, mais passons), donc j'essayais de cacher cette féminité. J'essayais d'être la plus masculine possible. Je pense que sans ce qui était arrivé avant, je n'aurais pas réagi comme ça. Mais là...Pas facile à vivre ni pour moi, ni pour Mr Unpeuronde...

Ras-le-bol d'être un bûcheron canadien

Il y a quelques mois, j'ai décidé d'arrêter tout ça. J'avais changé de travail. J'ai eu envie de redevenir féminine.
Alors pas au travail. Je travaille dans un milieu masculin, un chemisier à fleur et il y en a au moins dix qui t'en parlent le matin, donc là, j'ai laissé tomber.
Par contre chez moi et le week-end...Mon mari est ravi, du coup il m'aide. Oui, Mr se renseigne sur les cosmétiques, va en parfumerie, ne hurle pas sur la note de CB...
Le blog m'aide aussi. J'ai peu d'amies dans cette ville, et elles ne sont pas "girly". Du coup le blog et la blogosphère "Hellocoton", c'est ma petite respiration féminine. C'est l'endroit où j'ai le droit d'être une fille, j'ai le droit d'aimer être jolie, de prendre soin de moi...
C'est aussi l'endroit où je réapprends les gestes. Car oui, s'être planquée pendant des années, ça laisse des traces...

Je redécouvre de petits plaisirs

Le plus simple, finalement, a été de reprendre en main ma peau. Parce que c'est quelque chose que je n'avais
jamais vraiment abandonné. Je me refusais tout maquillage, toute coiffure, tout vêtement féminin, mais je m'autorisais à traiter ma peau.
Donc je me suis lâchée. J'ai cherché, je me suis renseignée, j'ai acheté ce qu'il me fallait...Et ça a marché! Enorme encouragement pour moi...J'ai retrouvé le plaisir de découvrir une bonne crème, de sentir ma peau saine, de ne pas avoir envie de la cacher, de me masser le visage...La première fois que j'ai utilisé l'Elixir des Reines, j'étais excitée comme une puce à cause de l'odeur. Le gel-fondant Clarins me faisait carrément rire sous la couette à cause de l'effet "frémissements" de la peau qui boit...Une vraie gosse!
Je me remets aussi au maquillage. Plutôt nude bien sûr, les couleurs, c'est encore trop tôt! Quel plaisir de voir son teint d'unifier...Le plaisir aussi de retrouver les jolis tubes et pots, les senteurs, de se voir devenir plus jolie en cinq minutes...La première application d'Erborian...L'ouverture du colis Bourjois...Me voir sans cernes avec l'erase paste...Aujourd'hui, voir une jolie mine et un visage sculpté avec le Rockateur...Ce sont des choses que j'avais oubliées, que je m'étais interdites pendant des années. Pourtant ça fait du bien! Mais quelle galère aussi: je suis une enfant, je ne sais plus faire, j'ai besoin de réapprendre à doser, à appliquer...

Il y a du chemin encore...

J'essaie de me fixer des objectifs: traiter mes cicatrices avant la fin de l'été, dompter ma crinière avant juin...Arrêter de me ronger les ongles, pendant les vacances, commencer à mettre du vernis...
Ca me motive. Ca me motive aussi de voir que mes efforts ne font pas plaisir qu'à moi, mais aussi à Mr Unpeuronde, qui sans rien dire, connaissant la situation, avait été blessé de voir sa femme se renfermer sur elle de cette façon.
Je ne pense pas que je pourrai arriver un jour vraiment "maquillée" au travail, pas dans celui-ci, le prochain peut-être. Mais je fais attention le week-end, je ne sors plus sans mascara ni bb crème (et blush maintenant), sans être un minimum coiffée (oui, ça m'arrivait avant!), je mets parfois des talons...Petit à petit.

J'ai vaguement l'impression d'avoir gâché une partie de ma jeunesse. Je trouve dommage d'en arriver là.  Je n'ai pas envie de devenir une bimbo, je continuerais à sortir en jean basket - sans maquillage quand j'en ai envie. Mais j'ai aussi envie de ne pas culpabiliser quand je sors maquillée, de me rendre jolie quand j'en ai envie, en toute liberté. Je suis bien partie, j'espère que ça continuera!

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