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17 mars 2014

Agressée dans le métro, insultée sur Tumblr: ou toutes les raisons invoquées par les mecs (et les nanas!) pour agresser les femmes...


L'histoire de Jack Parker (ancienne rédactrice de Madmoizelle) est en train de faire le tour du web: agressée sexuellement dans le métro, elle s'est défendue, et a raconté son histoire sur Tumblr. Résultat: des messages de soutien, mais aussi de nombreux messages d'insultes, expliquant (en gros) qu'une fille qui porte une jupe et/ou qui cherche à être jolie n'a pas à se plaindre d'être agressée. Alors maintenant, je vais vous raconter l'histoire d'une autre fille qui a été agressée: la mienne. Ou pourquoi les agressions n 'ont rien à voir avec les jupes ou le maquillage.

Il y a plusieurs années, j'ai été hôtesse d'accueil, en job d'été. Dans le cadre de cet emploi, je portais un tailleur "de fonction". Pas une jupe courte, pas un truc spécial beau: juste un tailleur jupe basique d'hôtesse d'accueil. Je n'avais jamais porté de jupe dans le métro (j'étais arrivée en région parisienne six mois auparavant, et m'étais déjà faite pas mal ennuyer sans jupe, donc je n'osais pas). Mais là, vu que c'était mon uniforme...

Je l'ai porté deux semaines sans incidents. Et puis un jour, j'ai senti une main contre mes cuisses. Il y avait du monde, on connaît l'effet sardine, je me suis donc un peu décalée, comme je le pouvais vu le monde. Et là j'ai senti la main remonter d'un coup sec entre mes cuisses. Direct. J'ai hurlé.
Et j'ai vu une petit vieux, style cinquantenaire, rougir. Et me dire cette phrase complètement hallucinante "je cherchais la barre". Entre mes cuisses? Alors que tu l'as dans la main?

Ca ne paraîtra rien pour beaucoup de gens. Rien du tout. Sauf que ce n'est pas rien, quelqu'un qui essaie d'enfoncer ses doigts dans votre sexe au milieu d'une rame de métro bondée. C'est dégueulasse. C'est insultant. Après ça, on a juste l'impression d'être un bout de viande. Car la personne qui fait ça, elle n'en a rien à faire de ce qui vous êtes, ce que vous aimez, ce que vous aimez faire, ce que vous ressentez: vous êtes juste un bout de viande. Un peu comme un Big Mac. Tout ce que vous êtes, hors chair, s'envole.
Autant dire qu'après celà, j'emmenais mon tailleur avec moi, et me changeais dans les toilettes, en arrivant au travail. Oui, j'ai mis ça sur le compte de la jupe. Sans jupe, pas d'agression dans ma tête. J'ai d'ailleurs aussi progressivement arrêté de me maquiller pour sortir, à cette époque. Pas de provocation.

Je me balladais donc en jean, gros manteau, pas maquillée. Et puis deux ans plus tard, alors que je traversais un parking, pour rentrer chez moi, à 17H30, en hiver, dans une ville huppée de banlieue parisienne, je me suis sentie suivie. J'étais suivie. Mais la personne m'a dépassée. Un ado, qui devait avoir 5 ans de moins que moi. Je me suis sentie idiote d'être aussi parano.
Et puis 30 mètres plus loin, alors que je dépassais un kiosque à journaux fermé, quelqu'un m'a enserrée en arrivant par derrière. Il m'avait attendue. Ca a été hyper rapide. Il a mis direct un main sur les seins, l'autre "au panier". Ca a du durer trois secondes. Et il est parti en courant. Et je ne sais pas pourquoi, l'adrénaline, mais j'ai couru derrière lui, mais impossible de le rattraper.

Voilà. Encore une fois, c'est rien. Juste tripotée. Encore une fois, de la viande. Encore une fois je n'étais plus personne. Même si ce n'était rien.
Et pourtant cette fois-ci, pas de jupe, pas de maquillage. Un jean, un gros pull, un gros manteau. Tout pour passer inaperçue. Et pourtant...

J'ai un peu plus de trente ans aujourd'hui. Ces deux "riens" m'ont complètement marquée. J'ai du quitter la région parisienne, et la France pour commencer à me détacher de ça. Et recommencer à être un peu féminine. Parce que pendant longtemps, j'ai tout fait pour tout cacher. J'avais honte de faire la moindre chose pouvant me rendre un minimum "jolie". Et aujourd'hui encore, j'ai toujours cette arrière pensée,que je combats de toute mes forces. Vous imaginez ça? Cacher mes cernes, détacher mes cheveux...J'ai toujours en arrière-pensée qu'il s'agit d'une provocation. Que si je ne veux plus être traitée comme une chose, je dois délaisser mon "enveloppe corporelle". Heureusement que j'ai rencontré mon mari, qui m'a permis de surmonter ça. Qui m'a encouragée, qui a envie que sa femme soit jolie. Qu'elle ne se cache plus de ce qu'elle est. Qu'elle n'ait plus honte de ce qu'elle.

Car entre temps, je me suis faite traiter de salope. Plusieurs fois. Je me suis faite arrêter dans la rue, pour me dire que j'avais une bouche à bite. J'ai du supporter, dans le métro, d'autres mains placées "par accident" sur mes fesses...on ne peut rien dire...on se demande si on est parano...on se dit qu'on les attire. Il y a eu d'autres histoires, d'autres mots...Malgré le fait qu'on rase de plus en plus les murs. Malgré le fait qu'on essaie de ne surtout pas croiser le regard. Parce que juste un regard, et ça peut dégénérer.

Je parle de ce que je connais, la région parisienne. Et la région parisienne, c'est dégueulasse. Pour les hommes et les femmes. Mais c'est encore pire pour les femmes. 
Nous ne sommes rien. Nous sommes des tas de viandes. Les histoires de jupe, de maquillage, de provocation, c'est n'importe quoi. Tout est prétexte. Car RIEN n'est fait pour protéger les femmes et TOUT est provocation de la part des femmes. 

Baissez les yeux, rasez les murs, priez et laissez-vous faire. C'est le message envoyé actuellement.

Alors merci  à Jack d'avoir cassé la figure de son agresseur. Merci à toutes ceux et à toutes celles qui ont un jour aidé une personne agressée, ou en passe d'être agressée. J'ai la rage contre les agresseurs, mais aussi contre tous ceux qui disent que ce n'est rien, tout ceux qui rient de ces situations, tous ceux qui les justifient, et tous ceux qui cherchent des excuses.

Tout le monde devrait pouvoir sortir dans la rue sans crainte d'attouchements. Sans regarder par dessus son épaule. Sans raser les murs. Sans s'interdire certaines heures, certaines rues. Sans avoir la peur au ventre en prenant certaines lignes.

Ce qui se passe en France est une honte, et trop peu en parlent. Je n'ai pas porté plainte. Plainte contre quoi? On m'aurait ri au nez. J'ai du vivre avec la peur que ça recommence par contre. Combien d'autres comme moi?

Encore une fois: merci Jack. Je n'ai malheureusement pas la plume pour exprimer aussi bien qu'elle ce que je ressens. Alors merci à d'avoir réagi, et d'avoir écrit.

"Tous ceux qui se frottent contre moi dans le métro, qui mettent leur main un peu trop près de la mienne sur la barre pour me caresser du bout de leur doigt, qui m’attrapent des mèches de cheveux au vol, qui laissent trainer leur main à 1mm de ma cuisse et qui profitent de la moindre secousse pour parcourir la distance restante “accidentellement”, qui me dissèquent et me déshabillent longuement du regard sans la moindre pudeur, qui poussent des “hmmmmm…” sur mon passage, qui m’ordonnent de sourire pour eux, de leur dire bonjour, de leur répondre, d’aller prendre un verre avec eux, de les suivre chez eux, de monter dans leur bagnole, de leur filer mon numéro, la liste est longue putain, et ça me fout la gerbe. 
Ça me gonfle, ça me gonfle, ça me gonfle, et je sais pas quoi faire, et je peux rien y faire, et ça m’énerve, et j’en ai marre, et ça me gonfle, et putain, sortez-moi de là. "

9 commentaires:

  1. Ton témoignage et celui de Jack Parker me rendent malade. Je trouve ça affreux qu'en France (pays moderne, occidentale) une femme puisse vivre ça. Je n'ai jamais vécu ce genre de situation, juste une fois en été il faisait tellement chaud j'étais en short. Je suis passée devant un groupe de mecs (13 ans à 18 ans je dirai) j'en avais 22, et j'ai entendu un "viens sucer ma bite!" j'ai été choquée. Jamais on ne m'avait parlé comme ça.
    Je suis dégoutée de la façon dont les politiques ou l'autorité se moquent de ces affaires. Que faire ? Les mettre en prison ? Les gronder ?
    Je suis allée vivre en Ecosse pendant 6 mois pour un stage, la première chose qui m'a frappée ceux sont les filles, grosse, maigres, grandes, petites, toutes sortaient en jupe et talons aiguilles. Et personne ne les embêtait. PERSONNE. Pour te dire, le soir à 4h du matin je rentrais seule chez moi et je n'avais pas peur du tout. Qu'est ce que ça fait du bien de vivre dans un endroit où on n'a pas peur !

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  2. Je n'ai pas encore lu l'article de Jack Parker mais j'ai lu la tienne, elle m'a rappelé quelques moments de ma vie.
    A 17 ans, j'ai dû travailler, non par choix mais par besoin, j'étais alors vendeuse dans une boulangerie pâtisserie, cela s'est bien passé même si je n'étais pas déclarée. Jusqu'au jour où mon patron a commencé à me parler de sexe et de ses "sorties", c'est-à-dire, aller voir les putes... Au début, je n'ai pas prêté attention jusqu'au jour où il a mis sa main sur mon épaule et a dis que j'avais de beaux seins. J'ai commencé à me méfier... Mais pas assez vite, peut être. Un soir, au boulot, il me dit "Demain, tu viens faire du ménage chez moi"... Et juste avant de partir, il a pris mon cul, comme mon mec le ferait ! Alors que ca aurait pu être mon père. Sans parler du jour où j'ai été me balader en jogging dans une fôret et ai rencontré un homme -un rom...- qui aurait bien voulu me prendre, du jour où j'ai été agressée et traitée de "salope, jt'prendrais bien" à Rouen, etc... Car ca n'arrives pas qu'à Paris malheureusement.
    Aujourd'hui, je m'habille toujours en jupe ou en robe, mais à la différence des autres filles -qui ont peur, ne connaissent pas encore ca, etc-, je ne me laisse pu faire. J'ai déjà craché à la gueule d'un inconnu, baffé un mec et foutu un coup de pied dans les couilles d'un autre. Alors, c'est chacun pour sa gueule dans ce monde, violence ou non... C'est triste.

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  3. L'important c'est que tu comprennes que le problème ne vient pas de toi ! Tu le dis toi-même, en jupe ou en pantalon, maquillée ou non, tu as eu droit à des comportements déplaisants. D'ailleurs si c'était la jupe le problème, les Ecossais en kilt se feraient tripoter sans arrêt ! (si ça se trouve, ça leur arrive aussi tiens... à investiguer)

    Malheureusement comme a dit un homme sensé sur le site de Madmoizelle, ça a toujours existé et ça existera toujours, il ne faut pas se faire d'illusions. Nos deux seules options sont de rendre coup sur coup comme Jack et d'éduquer au mieux nos enfants (surtout les garçons) pour tenter d'endiguer le phénomène. Mais il ne s'arrêtera pas. Jamais.

    Je remercie la vie de m'avoir épargné ce genre d'atrocité jusqu'à présent, j'ai eu mon lot de moments déplaisants mais pas comme ça. J'ai envie de hurler quand je lis des témoignages comme le tien ou celui de Jack mais ça ne servirait à rien. Je préfère garder mes forces pour le jour où un tel malheur arrivera à moi ou à mes proches parce que là j'aurai vraiment besoin de hurler.

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  4. J'ai vécu exactement la même agression que toi donc je vois bien tout ce que tu exprimes dans ton article, les restes tenaces du trauma (car oui, au sens pénal : il s'agit bien d'une agression sexuelle, par la surprise. Et non c'est pas rien.)
    Ça n'a pas eu lieu dans un parking mais dans une rue de mon quartier tranquille, en plein jour. Je portais : un gros pull col roulé, un jean usé, des Docs Martens, pas de maquillage et les cheveux attachés et j'avais 16 ans. La première question que la plupart (des adultes) m'ont posée c'était : "Tu étais habillée comment ?"....... J'ai subi une autre session d'attouchements par des inconnus trois ans plus tard, dans le bus. Cette fois j'étais en jupe. En jupe longue mais en jupe quand même. Et une autre femme qui assistait à la scène se marrait pendant mon agression, façon : "ah ah c'est bien fait pour cette pouffe". Depuis tout ça, dix-huit ans plus tard et même si je me suis endurcie à l'intérieur (genre je pourrais me battre si on m'emmerde, j'ai une réserve de colère accumulée du coup), comme toi, j'ai du mal à sortir à la fois maquillée, en jupe et avec des talons, toujours l'appréhension, la culpabilité quotidienne d'être "trop féminine", cette "ostentation" chevillée au corps. Je peux le faire que si je suis accompagnée par un mec (j'en parle dans un article de mon blog, de la culpabilité de se mettre en jupe).
    Et je vis pas à Paris mais dans le Sud et je peux te dire que ici aussi on est servies en agresseurs libidineux qui se croient tout permis sous prétexte qu'"ici, on a le sang chaud".
    Mais bon, si l'on en croit les témoignages des femmes, comme celui de Floriane, qui ont vécu un peu à l'étranger dans des pays anglo-saxons, et en toute tranquillité quant à leur tenue vestimentaire, on peut espérer que ça va finir par arriver chez nous aussi...

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  5. Encore une fois, tes mots - et ceux qu'on peut lire en commentaires - font froid dans le dos. Je m'estime heureuse de n'avoir encore croisé personne qui a essayé de me toucher entre les jambes, mais je connais très bien les insultes, les regards, les mains aux fesses et j'en passe. Ces hommes me dégoûtent de plus en plus chaque jour. Et les commentaires que certains et certaines se permettent, prétextant qu'on l'a bien cherché, qu'on ne sert qu'à ça, qu'on devrait plutôt sortir en combinaison de ski ne valent pas mieux...

    J'ai vécu trois ans en Ecosse. Les seules fois où je me suis faite traiter comme en France c'était par des mecs bourrés ou... des francophones. Jamais un britannique ou un mec d'une autre nationalité ne s'est permis un tel comportement. Jamais. Alors je ne comprends pas à quel moment dans notre éducation la femme a pu être rabaissée de sorte que ça paraisse normal aux autres de nous traiter ainsi...

    Je te souhaite de réussir à oublier ces agressions... vraiment.

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  6. Excellent article ! Ton témoignage m'a beaucoup touchée, beaucoup parlé, et je suis certaine que c'est le cas pour beaucoup de femmes ...
    Un point que tu soulèves et que je trouve particulièrement juste est la culpabilisation qu'il y a autour de ces agressions, et le fait qu'on arrive à un stade où on accepte cette culpabilisation dans le sens où on adapte notre comportement : on arrête de porter des jupes ou d'aller à tel ou tel endroit/rentrer à telle ou telle heure si on est seule, on devient méfiante, on est sur notre garde, etc. Alors que c'est dans l'autre sens que ça devrait se passer ...
    Et oui, même s'il y a des viols partout, ce problème est quand même très français, voire latin (ce n'est pas réservé à la région parisienne selon moi) : en pays anglo-saxon, j'ai pu me balader avec des shorts que je n'oserais même pas porter en France parce que j'aurais trop peur de me faire sauter dessus à chaque coin de rue. Aucun homme ne m'a manqué de respect, ou ne m'a même regardée avec des yeux lubriques. Encore moins sifflée, huée ou touchée. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas de viol ou de dérangés dans ces sociétés, mais en tout cas on n'en rend pas la femme responsable à cause de sa tenue. Contrairement à la France ou l'Italie par exemple (si tu te souviens de ce scandale de la femme accusée d'être responsable de son viol à cause du jean qu'elle rotait, il y a quelques années).
    (Mais c'est vrai que dans certains pays anglo-saxons, en particulier aux Etats-Unis, on culpabilise les femmes qui se font agresser lorsqu'elles ont bu, ce qui n'est pas tellement mieux ... mais c'est un autre débat)
    Il m'est arrivé de me faire huer, siffler, tripoter, alors que j'étais en jogging large, rouge, en sueur, et que je faisais simplement mon jogging, en pleine journée, dans un lieu fréquenté. La même chose en journée, en jupe, en robe, en jean, en pantalon, en tout en fait. La tenue n'a rien à voir là-dedans. C'est trop facile d'essayer de nous faire culpabiliser et de nous faire porter le chapeau pour des torts qui ne sont pas les nôtres.
    Bref, j'aurais des milliers de choses à dire sur le sujet, et un commentaire ne suffirait pas ...
    Merci à toi pour ce super article très courageux. Je te souhaite de te remettre de tes blessures du mieux que tu peux et je suis contente de savoir que tu as un mari aimant qui te soutient pour ça :)

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  7. Merci à toutes pour vos messages. J'espère que ça aidera aussi certaines filles à réagir. Et à ne surtout pas culpabiliser.
    Je pense aussi que c'est l'éducation qui mènera à diminuer ce genre de comportement. Malheureusement, en ce moment, la pente est plutôt inverse...A nous d'essayer de faire changer ça, en ne lâchant sur rien, en dénonçant, en éduquant!

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  8. Merci beaucoup pour ton article. Il faut continuer à témoigner de la sorte et arrêter de se taire. Je pense que nous sommes nombreux et nombreuses à vouloir voir les choses changer. Nous ne vivons plus au Moyen-Âge. Certes certaines personnes ne changeront jamais mais les mentalités, elles, le peuvent. Si nous ne vivrons pas assez longtemps pour voir ces changements j'espère au moins que les générations futures les verront.

    Bref, tout ça pour dire, que je t'ai citée sur mon blog (car j'ai décidé d'en parler aussi, à ma manière, et comme je vois que je ne suis pas la seule...) : http://maudmarie.illustrateur.org/2014/03/18/mais-arrete-de-montrer-tes-attributs-aussi/ (Tu es "linkée" sur "en parler". Si tu veux que j'enlève le lien, dis le moi ou si tu as d'autres articles du même acabit, tu peux me les partager ^^)

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  9. J'ai eu 15 ans il y a environ 6 mois. Je suis donc encore très "jeune". J'étais en colonie de vacances pendant deux semaines, et j'ai eu la chance d'y rencontrer un animateur avec lequel on pouvait parler sans taboo. La conversation tournait autour des relations insolites entre les hommes et les femmes, et il a évoqué les relations professeur-élève, la plupart du temps pour un rehausseur de notes. J'ai alors dit que c'était dégoutant, et au fil de la conversation, j'ai compris qu'en fait, plus on grandissait, et plus c'était comme ça. Du lit pour tout et pour rien, pour des notes ou tout simplement par envie. Franchement, ça m'a dégoutée du monde "des adultes". Je vis une relation absolument incompréhensible, mais respectueuse, et je ne prête pas attention aux garçons "je-suis-un-bon-coup". Je pensais innocemment que quand on grandit, les garçons comme ça devenait des hommes respectables, fidèles, une femme, des enfants, et hop! plié. Sauf que cette conversation m'a fait me rendre compte que c'était tout l'inverse, et que coucher avec quelqu'un était quelque chose de normal, que les boites de nuit n'était pas faites que pour danser, et j'ai découvert l'existence de la dite "drogue du violeur" qui a achevé de me dégouter.

    Alors, j'ai commencé à faire attention au regard que les garçons, voir même les hommes, avaient sur moi, dans la rue, à la piscine ... Et je pense sincèrement rejoindre Peter Pan au Pays Imaginaire, histoire de ne pas grandir et rester comme je suis. J'ai 15 ans, et je vois quand même des hommes le regard un peu bas. J'ai été définitivement choquée quand, accompagnant une amie à la messe pour le baptême de sa petite sœur [en jeans], je me suis rendue compte du regard de l'homme derrière moi, rivé sur mes fesses. Je l'ai regardé, histoire de lui faire comprendre de relever les yeux, mais rien à faire. J'étais tellement gênée que j'ai dû passer le reste de l'office assise sur le banc.

    Franchement, le monde est loin de l'idéal que je m'en étais fait. Je pensais que plus en grandissais, plus c'était respectueux. Et ben non, c'est même bien le contraire.

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