Il y a des choses dans la vie dont on sait qu'elles ne sont pas bonnes pour nous: fast-food, produits chimico-cacas, disques de Christophe Maé...Et puis il y en a, on ne sait pas pourquoi, elles sont bonnes pour les autres, mais sur nous ça ne fait pas du bien du tout: ça ne vient pas du produit, ça vient de notre corps qui rejette. C'est une allergie. Et moi, je crois que je suis allergique aux coiffeurs. Je transforme les coiffeurs, petites fées clochettes créatrices de beauté chez les autres, en horribles sorcières créatrices de désastres capillaires. C'est douloureux pour moi, et pour eux. Voici la triste histoire de la cryptonite des capilliculteurs.

J'ai commencé ma carrière de briseuse de coiffeurs jeune. Pourtant, le terrain semblait propice à leur génie: des cheveux épais et ondulés, brillants comme Johnny sous un projo. Las, la coiffeuse de mon village, celle qui faisait de ma mère une copie de Catherine Deneuve, n'a jamais su que me transformer en un simulacre de poney shetland. Je n'étais pas faite pour la frange, mais apparemment, un charme invisible l'empêchait de voir cet état de fait pourtant évident. J'ai donc passé mon enfance à être une contre-publicité évidente pour ce salon de coiffure.

La coupe de mon enfance

L'adolescence arrive, avec son cortège de poussées d'un peu tout, et des envies esthétiques irrésistibles (histoire de cacher la misère). J'ai choisi un modèle sûr, Jenifer Aniston, avec photo et tout et tout (on ne rigole pas, c'était THE modèle à l'époque), et me suis dirigée confiante et emballée vers un salon de grand renom (y'avais que le salon qui avait un grand renom, hein, pas la coiffeuse qui était dedans) pour me faire une beauté. La coiffeuse, éclairée, m'annonce soudainement que pour mon visage allongé, la coupe de Jenifer n'est point la panacée. Un petit dégradé, court sur l'arrière, saura bien plus beauté me faire qu'un mi-long dégradé. Mais cette petite folie sur mon corps de grande tige me transforma sitôt en tronche de brocolis (bon, on arrête là les conneries avec les rimes, je ne suis visiblement pas douée). Le charme invisible avait encore frappé, la magicienne de mes copines s'était transformée folle des ciseaux. Comme si j'avais besoin ça! C'est pas assez ingrat, l'adolescence? 
Poussée de croissance+cheveux épais et souples+coupe courte
= coupe brocolis (aussi appelée coupe Tahiti Bob)

Mes cheveux repoussés (et de plus en plus châtains, moi qui était blonde comme les blés, saletés d'hormones), je décide de donner un petit coup de lumière à tout ça avec un balayage. Je découvre alors une torture méconnue: le bonnet à trous où qu'on tire des mèches de cheveux une par une en t'arrachant le cuir chevelu pendant une heure. Oui, le balayage était joli. Oui, il faut souffrir pour être belle. Non, ça ne valait pas de me faire arracher les cheveux pendant une heure.
Ceci est un des pires instruments de torture jamais inventé
Le divorce est consommé. Je m'égare cependant dans un autre salon pour cause d'obligation matrimoniale. Et là petit miracle: je ne ressors ni laide, ni scalpée. Mon allergie serait-elle passée?

Rassérénée, pensant la malédiction passée, je décide de retenter le coup. Nouvelle ville, nouveau coiffeur. L'expérience précédente n'était sans doute qu'une malheureuse coïncidence: la coiffeuse qui m'a en charge, adepte du nail-art de l'extrême et des X-men, décide de me lacérer consciencieusement front et cuir chevelu. J'ai mal, et je n'ose rien dire, de peur de la vexer (c'est qu'avec ça aux doigts, elle pourrait me faire sauter un oeil d'une pichenette). 
Je t'ai retrouvée, tortionnaire!
Et j'en suis là. J'ai passé sous silence la coiffeuse qui a pleuré parce qu'elle n'arrivait pas à me démêler les cheveux, celui qui m'a transformée en John Lennon, cette autre qui m'a fait la coupe de Tina Turner. 

Le constat et là: entre les coiffeurs et moi, quelque chose ne passe pas. Ce qui fait qu'aujourd'hui, je possède la chevelure du cousin machin. 

Moi, avec une pince dans les cheveux. Oui, c'est à ce point.
Je me dis que ce n'est pas possible, que ça vient de moi, que ces gentils coiffeurs étaient normaux avant de me rencontrer (bah oui, sinon comment ça se fait qu'ils avaient des clients?). J'ai peur d'y retourner, et d'en transformer un autre en monstre. Vous croyez que ça se soigne?

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